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[7] Les hérésies et l'élaboration du dogmeAbbé Baumann

I. Hérésies qui insistent sur la divinité de Jésus, jusqu'à nier son humanité

Ce sont des hérésies plutôt hellénisantes qui insistent sur la divinité du Logos, au point de refuser l’humanité du Christ (car le Logos ne saurait se mêler à l’humanité)

1. L’erreur souche (dès le Ier s.) : La Gnose

Gnose : doctrine qui tenant la matière pour mauvaise refuse que Dieu (infini, parfait) ait pu assumer un corps humain

Réponse : dans l’Evangile, Jésus est montré pourvu d’un corps, se nourrissant, souffrant, mourant…

2. Deux formes subtiles de Gnose (au II° s.)

a. Le Docétisme 

Vient du gr. « dokein » (apparaître, sembler) : le corps du Christ n’aurait été qu’une apparence ; Jésus aurait fait semblant d’être homme.

b. La Doctrine valentinienne

Le corps de Jésus serait venu du ciel au travers de Marie : elle ne l’aurait pas « engendré » réellement, mais aurait seulement été un canal par lequel le corps très spécial du Christ est descendu. Ainsi, le Christ a un « corps sidéral », d’une autre matière que le nôtre. 

c. Réponse à ces 2 erreurs

St Irénée de Lyon (+ 202) (Contre les hérésies, Livre III ): 

« (Le Christ) a mélangé l’homme à Dieu, car si ce n’était pas un homme qui avait vaincu l’adversaire, l’ennemi n’aurait pas été vaincu en tte justice ; d’autre part, si ce n’était pas Dieu qui nous avait octroyé le salut, nous ne l’aurions pas reçu de manière stable (…) Il fallait que le ‘Médiateur de Dieu et des hommes’ (1 Tm 2,5), par sa parenté avec chacune des 2 parties, les ramenât l’une et l’autre à l’amitié »

« Il fallait que celui qui devait tuer le péché et racheter l’homme (se fasse homme) afin que le péché fût tué par un homme »

Irénée s’appuie sur le parallèle de Rm 5,12.19 entre le 1er Adam, vrai homme, par qui le péché est entré dans l’humanité, et le Christ 2nd Adam, par qui devait être éradiqué le péché dans l’humanité : pour cela, le 2nd Adam devait être vrai homme.

3. Résurgence partielle de ces erreurs (au IV°s.) : L'appolinarisme

Selon Apollinaire de Laodicée (+ 390) Jésus est bien Dieu, mais qu’il n’aurait, quant à son humanité, qu’un corps et non une âme. S’il avait eu une âme humaine, la volonté de cette âme humaine serait entrée en conflit avec le Verbe de Dieu.

Réponse de St Grégoire de Nazianze (+ 390) : « argument sotériologique » = seul ce qui a été assumé par le Verbe a pu être sauvé ; il fallait donc que le Verbe assume une âme humaine, et pas seulement un corps humain.

II. Hérésies qui insistent sur l'humanité de Jésus, jusqu'à nier sa divinité

Hérésies plutôt tributaires d’une forme hétérodoxe de judéo-christianisme, qui ne parvient pas à s’extraire des cadres de pensées vétérotestamentaires : soucieuses de sauvegarder la transcendance et l’unicité de Dieu, elles refusent d’admettre que le Christ soit Dieu, car cela introduirait en Dieu une pluralité de personnes et un abaissement insoutenables.

1. L'ebionisme (aux I°-II°s.) et l'adoptianisme (au III°s.)

L’ébionisme tire son nom de l’hébreu « ebionim » (les pauvres) : JC serait un pur homme, né de Marie et de Joseph, élevé au rang de Messie par une illumination du St Esprit. L’adoptianisme, qui en est issu, tient que Jésus, simple homme, aurait été adopté par Dieu lors de son baptême au Jourdain (« celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis toutes mes complaisances, écoutez-le »).

Réponse : St Irénée (Contre les hérésies, Livre III) combattit l’ébionisme ; le concile local d’Antioche de 268 condamna l’adoptianisme.

2. L'arianisme (au IV°s.)

Arius (+ 336)  est un prêtre égyptien qui prétend que Jésus fut « créé », au sens où il serait un homme, né de la Vierge Marie, dans lequel serait descendu le Logos divin, 1ère des créatures. Deux convictions-clés erronées fondent sa thèse :

a. Une erreur sur la Trinité

C'est une erreur à propos du Logos avant l’incarnation : 

  • Raisonnement d’Arius : Dieu est inengendré ; or le Logos est présenté par l’Ecriture comme étant engendré (il est appelé Fils) ; donc le Logos ne saurait être Dieu : il est une créature, tirée du néant par le Père avant toute autre créature, et au moyen duquel le Père aurait tout créé, motif pour lequel on peut le qualifier de « divin ».
  • Réponse : il est vrai que le Fils est engendré, mais pas à la façon dont se fait l’engendrement humain (préexistence du père). Arius plaque une conception trop humaine de l’engendrement sur les rapports du Père et du Fils.

b. Une erreur sur le Christ

C'est une erreur à propos du Logos incarné : 

  • Raisonnement d’Arius : Dieu est immuable, omniscient ; or d’après la Révélation, Jésus est né selon la chair, progresse, a faim, ignore le jour du jugement, souffre et meurt ; donc Jésus n’est pas Dieu.
  • Réponse : Arius ne s’en tient pas aux affirmations de l’Hymne aux Philippiens (Ph 2,6-11), où le Christ épouse la condition humaine (la forme d’esclave) sans pour autant cesser d’être Dieu (de forme divine), ni du Prologue de St Jean où le Logos est appelé « théos » (Dieu) sans ambiguïté, et où, après avoir « dressé sa tente parmi nous » (s’être incarné), il continue d’être Dieu (plein de grâce et de vérité).

c. Commentaires

le succès d’Arius s’explique notamment par le silence du Symbole des Apôtres, seule Profession de foi universellement répandue à l’époque, au sujet des relations entre le Père et le Fils : « Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du Ciel et de la Terre, et en JC, son Fils unique notre Seigneur, qui a été conçu du St Esprit, est né de la Vierge Marie ». Il fallut attendre le 1er concile œcuménique de Nicée (325) pour qu’en réponse à Arius le Magistère explicite ces relations : « nous croyons en un seul Seigneur JC, Fils unique engendré du Père, ie de la substance du Père, Dieu né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel au Père (= pas seulement de nature semblable, ni de même nature, mais partageant la même substance indivise) ».

St Athanase, évêque d’Alexandrie (+ 373), qui avait jadis accompagné en qualité de diacre son évêque au concile de Nicée, dut lutter (non sans excès, vu son caractère !) contre les résurgences de l’arianisme et pour l’application inconditionnelles de Nicée. Son orthodoxie lui valut de recevoir le titre de Docteur de l’Eglise ; sa fougue  et sa persévérance (il fut banni et réhabilité 5 fois sur le siège d’Alexandrie…) lui méritèrent celui de « marteau des hérésies » ! 

III. Hérésies qui croient rendre compte de la double nature humaine du Christ

Une fois apportés les éclairages du concile de Nicée (325), qui affirment sans ambiguïté que Jésus-Christ est VRAI DIEU et VRAI HOMME, encore faut-il éclairer l’épineuse question du mode d’union des 2 natures. 

Deux clans se dessinent au V°s :

  • ceux qui insistent tellement sur la consistance de l’humain en Jésus qu’ils tendent à poser comme 2 personnes en Jésus (Nestorius)
  • ceux qui insistent tellement sur l’union des 2 natures et la supériorité de la nature divine qu’ils tendent à fusionner les 2 natures (Eutychès).

1. Le Nestorianisme

Nestorius, patriarche de Constantinople (+ 428) élabore une thèse qui superpose les deux natures, en ne les unissant que par une « conjonction d’amour et d’agir » (comme si Jésus était la somme de deux Lego emboîtés, extrinsèques l’une à l’autre !). L’unité de la personne en Jésus est alors mise en péril.

Réponse : St Cyrille d’Alexandrie (+ 444) insiste par contrecoup sur l’unité de la personne de Jésus et utilise des expressions qui peuvent donner l’impression d’une absorption de la nature humaine de Jésus par sa nature divine (= risque de « monophysisme »).

Le concile d’Ephèse (431) donne raison à St Cyrille d’Alexandrie contre Nestorius, mais expurge ce que ses expressions pouvaient avoir de dangereux, en dégageant le dogme de « Marie théotokos » (Marie Mère de Dieu) : « Marie est Mère de Dieu non parce qu’elle aurait donné à Jésus sa nature divine, mais parce qu’elle lui a donné un corps humain, uni à une âme humaine, uni au Verbe éternel ». Pas question de monophysisme, puisque la nature humaine n’est pas absorbée par la nature divine ; pas question de coexistence superposée des 2 natures, mais bien union intime de la nature humaine à la Personne du Verbe éternel (contre l’extrinsécisme de Nestorius).

III.2 Le monophysisme

Eutychès, lecteur assidu de St Cyrille d’Alexandrie, ne tient pas compte des précisions d’Ephèse : il promeut la fusion des 2 natures au profit de la seule nature divine. 

Réponse : St Léon le grand, pape (+ 461) le réfute, ainsi que le concile de Chalcédoine (451). 

IV. La synthèse du magistère : l'union hypostatique

Le concile de Chalcédoine donne une définition lumineuse de la personne du Christ, assumant le fruit du travail de tous les Pères de l’Eglise, et répondant à toutes les hérésies des 5 premiers siècles : 

« A la suite des saints Pères, nous enseignons donc tous unanimement à confesser un seul et même Fils, NSJC, le même parfait en divinité et parfait en humanité, le même vraiment Dieu et vraiment homme, composé d’une âme raisonnable et d’un corps, consubstantiel au Père selon la divinité et consubstantiel à nous selon l’humanité, en tout semblable à nous sauf le péché. 

Avant les siècles, engendré du Père selon la divinité (exclut l’arianisme et l’adoptianisme), et né en ces derniers jours, engendré pour nous et notre salut de la Vierge Marie, Mère de Dieu selon l’humanité (exclut le docétisme). Un seul et même Christ Seigneur, Fils unique reconnu en deux natures, sans confusion et sans changement (exclut le monophysisme), sans division et sans séparation (exclut le nestorianisme). La différence des natures n’étant nullement supprimée à cause de l’union, mais plutôt les propriétés de l’une et l’autre nature étant bien plutôt sauvegardées et concourant à une seule personne ou hypostase. Il n’est ni partagé ni divisé en deux personnes, mais un seul et même Fils unique, Dieu-Verbe, Seigneur JC »

On y trouve enfin la solution au problème de l’articulation des deux natures intègres, divine et humaine, dans le Christ : l’union se fait selon l’hypostase, ie selon la seule personne, du Verbe éternel. On parle d’ « union hypostatique ». 

En d’autres termes, l’humanité de Jésus, qui ne préexiste pas à l’incarnation (même pas l’âme humaine de Jésus seulement, contrairement à ce que pensait Origène), est assumée par la personne du Verbe. Le Verbe est ainsi principe d’être et d’agir de l’humanité de Jésus depuis le début de son existence ; ceci n’impliquant pas (et c’est là le miracle !) aucune atteinte à l’intégrité de cette nature humaine. 

La théologie de Chalcédoine n’est pas née de rien. Elle s’appuie particulièrement sur :

  • l’Ecriture Sainte (Prologue de Jean et Hymne aux Philippiens) qui attestent que Jésus est bien le Verbe éternel ayant épousé réellement la condition humaine sans cesser d’être Dieu (cf. aussi les paroles de Jésus : « vous cherchez à me tuer, moi, un homme qui ai dit la vérité » (Jn 8,40) ; « avant qu’Abraham fut, je suis3 5Jn 8,58))
  • la théologie de St Léon le Grand (pape, + 461), synthétisée dans sa Lettre à Flavien (patriarche de Constantinople).

Apportons quelques précisions au sujet de l’union hypostatique (UH).

IV.1 Commencement de l’UH

a. Thèses erronées :

  • l’UH aurait eue lieu avant l’Incarnation : certains théologiens, comme Origène, considéraient que l’âme du Christ existait dès avant l’Incarnation et qu’elle était déjà unie au Verbe divin.
  • l’UH aurait eue lieu bien après l’Incarnation : certains théologiens, encore marqués par l’adoptianisme, prétendaient que le Verbe n’était descendu sur l’homme-Jésus qu’au moment du baptême.

b. Thèse orthodoxe : 

Le moment de l’UH coïncide avec celui de l’Incarnation.

Telles sont les données de l’Ecriture : « une fois les temps révolus, Dieu envoya son Fils né d’une femme » (Ga 4,4) 

Telles sont celles, plus explicites encore, des Pères

  • St Augustin (in De Trinitate) : « Dès l’instant où il commença à être homme, il est aussi Dieu »
  • St Cyrille d’Alexandrie : « Le Logos divin s’est uni, dès l’instant de sa conception, le temple (= la nature humaine) reçu de la Vierge » ; « jamais il n’y a eu de simple homme Jésus avant la réunion et l’union de Dieu avec lui ». 

Et puisque l’Incarnation commence dès le « fiat » de Marie à la proposition de l’ange Gabriel (puisque plus rien ne fait obstacle au projet divin d’Incarnation, il n’y a aucune raison que celle-ci soit différée), c’est au jour de l’Annonciation qu’est daté le début de l’UH.

IV.2 Durée de l’UH

a. L’UH n’a jamais été interrompue 

**Même au moment de la Passion, elle a subsisté. **

C’est bien ce qu’affirme, quoique sur un mode discret, St Paul lorsqu’il dit « s’ils l’avaient connue (la sagesse divine cachée en Jésus), ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de gloire (= Dieu) » (1 Cor 2,8) : autrement dit, celui qui était sur la Croix était bien le Fils éternel de Dieu venu dans la chair (contre la thèse manichéenne qui, pour esquiver le problème épineux de la mort de Dieu, affirmaient que le Verbe s’était retiré de la nature humaine de Jésus avant la Passion).

Les Pères l’affirment en chœur : « le Verbe ne s’est jamais retiré de ce qu’il avait assumé ». Là était du reste une condition de notre salut : si le Verbe avait été séparé de l’humanité de Jésus qui souffrait et mourait en croix, ces actes de Jésus n’auraient eu ni la valeur, ni les répercussions éternelles nécessaires.

St Thomas (contre St Hilaire et St Ambroise, qui estimaient qu’à la mort du Christ, la divinité se sépara de son corps mis au tombeau) explique qu’il y a bien eu mort de l’humanité de Jésus (séparation de l’âme et du corps), mais que le corps de Jésus est resté uni au Verbe (ST III, 50,2) et que l’âme est restée unie au Verbe (ST III,50,3).

Objection : La phrase « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné » (Mt 27,46)  n’est-elle pas la preuve qu’à ce moment la divinité avait quitté l’humanité ? 

Solution : Hugues de St Victor : « (l’humanité de Jésus) s’est soustraite à la « protection » (de la divinité), mais ne s’est pas séparée de l’union (hypostatique) » (NB : nous y reviendrons).

b. L’UH ne cessera jamais

Lc 1,33 : « tu concevras et enfantera un fils (…) il règnera sur la maison de Jacob à jamais et son règne n’aura pas de fin ». He 7,24 : « Il possède un sacerdoce (dans son humanité, puisqu’il faut être homme pour être prêtre) qui ne passe pas, parce qu’il demeure pour l’éternité ».

Le concile de Constantinople (381) condamne Marcel d’Ancyre (+ 374) qui prétendait qu’à la fin des temps, le Logos incarné déposerait sa nature humaine et retournerait en Dieu.

IV.3 Caractères de l’UH

Elle est une grâce pure : l’admission d’une nature créée dans l’unité d’une personne divine est absolument surnaturelle, car elle est totalement au-delà des capacités de la nature humaine, fût-ce la nature humaine assumée par le Fils de Dieu lui-même !

St Paul appelle l’Incarnation (et donc l’UH qui la permet) « un mystère caché en Dieu de toute éternité » (Ep 3,9) : on ne peut absolument pas la démontrer, mais seulement la recevoir, comme le mystère central de la foi chrétienne, auquel tous les autres mystères sont subordonnés (CG 4,27).

IV.4 Conséquence de l’UH : la périchorèse

La périchorèse (ou circumincession, ou compénétration) des natures

St Grégoire de Nazianze (+ 390) est le premier à utiliser le terme « périchorésis » qui dérive du verbe « perichoreo » (« se pénétrer l’un l’autre). 

On a traduit « périchorésis » par « circumincessio » en latin, et par « compénétration » en français.

Cette compénétration a pour effet :

a. De diviniser la nature humaine en Jésus

Du coup, dans le Christ, tout est adorable, et pas seulement le Verbe.

Contre les nestoriens qui pensaient n’avoir à adorer en Jésus que ce qui relevait strictement de sa divinité, et contre les monophysites qui croyaient devoir adorer Jésus au seul motif que sa divinité avait tout « aspiré » de son humanité, le Concile de Constantinople II (553) définit que c’est à la fois la Personne divine ET la nature humaine assumée par elle qui doivent faire l’objet d’une même adoration (cf. les nombreux passages du NT où l’humanité de Jésus est adorée, en tant qu’unie au Verbe).

b. La communication des idiomes

On appelle « communication des idiomes » la communication réciproque des attributs divins et humains du Christ, de telle sorte que le Logos divin puisse se voir imputer des attributs humains et qu’on puisse imputer à l’Homme-Jésus des attributs divins. 

Une telle attribution réciproque n’est possible que parce que nature humaine et nature divine sont intimement et indissociablement unies en Jésus en vertu de l’UH.

Contre Nestorius, le Concile d’Ephèse (431) déclare que les affirmations contenues dans l’Ecriture sur le Christ ne peuvent être réparties sur deux personnes (le Logos et l’Homme-Christ), mais doivent être appliquées au Logos incarné intégral. Comme la Personne divine du Christ subsiste en deux natures, on peut affirmer du Fils de Dieu des choses humaines (il est né, il a souffert, Dieu est mort, Dieu a versé son sang),  et du Fils de l’homme des choses divines (il était avant les siècles, etc.).

Limite : cependant, il ne conviendrait pas de dire de la nature humaine de Jésus en tant que telle qu’elle possède des attributs divins (Jésus comme homme existe depuis toujours), ni de la Personne divine en tant que telle qu’elle est soumise au sort humain (Jésus comme Dieu est mort).